Le terme de Cluster renvoie à une notion économique de pôle de compétitivité, un enclos relié où sont regroupées des activités d’un ou plusieurs domaines afin d’accroitre leurs performances.
Cette notion peut se transposer à l’échelle de la ville et du territoire, où des entités urbaines peuvent instaurer des dynamiques locales et plus larges. Le système du Cluster peut être pensé comme une protection, comme une enveloppe urbaine, qui permet d’acquérir un nouvel imaginaire à l’intérieur d’un site dont l’environnement proche peut s’avérer parfois hostile. Cette stratégie urbaine d’îlot permet ainsi d’organiser une intériorité – vecteur de rencontre et de sociabilité entre les habitants. Avec ce modèle urbain, la ville s’intensifie en se retournant sur elle-même, et permet de faire coexister des séquences variées à l’échelle d’un îlot qui devient alors un objet équipé et intensifié, doté d’une intériorité singulière. Le Cluster devient une sorte de générateur urbain qui amplifie les rapports humains et prétend ainsi faire communauté, à travers sa forme et sa composition qui rassemble et protège des nuisances du milieu urbain. La ville post-anthropocène semble réclamer ce type de formes urbaines, intenses, denses, dynamiques, économes en surface construite. Après le retour à la rue, que nous avons exposé, nous pouvons prolonger notre réflexion ici, avec le retour à l’îlot, qui constitue également une sorte de retour à une forme fondamentale de l’urbanisme. A l’heure de l’hybridation des fonctions d’habitat et de bureau, qui semblent muter vers un système souple comprenant des logements adaptables en bureaux, ou tout du moins qui peuvent accueillir une activité dans leur volume, et inversement des bureaux qui se pensent comme des logements, le modèle urbain du cluster permet de composer au sein d’un même objet urbain une grande mixité de fonctions pour échapper au zoning des années 1970 qui a complètement figé certains quartiers de nos villes dans une fonction unique. En condensant les fonctions, le Cluster permet également de réduire les déplacements, et de renforcer les sociabilités au sein d’une même entité. L’urbain de demain se dirige vers une voie frugale, luttera contre l’étalement urbain, et tentera de réinstaurer une certaine lenteur dans les modes de vie. Ceci passera évidemment par une ville condensée, et encouragera à la fois un urbanisme à la densité maîtrisée et un développement toujours plus grand des réseaux virtuels. |