Depuis maintenant plusieurs années, les villes moyennes françaises connaissent un dépérissement continu et croissant de leurs centres-villes. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs d’ordre démographique, économique, politique et urbain.
Les conséquences de la société de consommation à son paroxysme ne se sont pas fait attendre très longtemps sur la morphologie des villes. Les besoins des consommateurs sont devenus de plus en plus immédiats, dans de plus en plus grandes quantités au détriment de la qualité. La zone commerciale est donc devenue le nouveau centre-ville, dans lequel l’automobiliste-consommateur peut jouir d’une pleine liberté de circuler de magasins en magasin, devenus de larges entrepôts ou des hangars décorés pour reprendre le terme employé par Robert Venturi et Denise Scott Brown[1]. Ainsi la rue s’est muée en autoroute et en parkings immenses, le bâti vernaculaire et mixte est devenue une boîte à chaussure monofonctionnelle et destinée à une seule chose : vendre. L’absence d’une offre renouvelée de logements attractifs et d’espaces de bureaux qualitatifs et à faible coût à entraîné une fuite des résidents et des actifs hors des centres-villes historiques. Ces derniers, souvent partis en proche voire parfois lointaine périphérie, ne viendront également plus consommer et tout simplement arpenter les rues du centre ancien, délaissées au profit de centres plus proches, accessibles et bénéficiant d’une offre commerciale plus complète. Par conséquent, les centres-villes sont aujourd’hui devenus des musées, des espaces témoins, les témoins d’une histoire idéalisée, mise en valeur par de successives rénovations, par l’aménagement des « zones piétonnes », qui en ont fait de véritables Disneyland désincarnés, propice à la promenade touristique. Les commerces sont partis dans les zones commerciales. La voiture a été chassée par les zones piétonnes. Les cœurs de ville se meurent. [1] Venturi, Robert, Scott Brown Denise, Learning from Las Vegas,… |